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D É B U T D E CA R R I È R E

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haleur, poussière et des gauchos argentins qui galopent tout autour. Un avion plane au-dessus d’elle, avec à bord un photographe qui crie : « Ewy est morte ! Ewy est morte ! » La pi- lote suédoise Ewy Rosqvist vient juste de percuter un passage à ni- veau fermé avec sa Mercedes-Benz 220 SE. La barrière a déchique- té une partie du toit et a traversé le pare-brise. « Je ne pouvais pas l’éviter. Des personnes se trouvaient à ma droite et à ma gauche », se souvient l’octogénaire pleine de vie dans son deux pièces situé dans un ancien immeuble superbe d’une Marina de Stockholm. Les yeux bleus d’Ewy Rosqvist brillent d’excitation plus d’un demi-siècle après l’accident. Elle rit. En 1962, après avoir frôlé la mort, elle reste non seulement au volant, mais remporte également le Championnat du monde des voitures de tourisme en Argentine. Peu importe si son nez continue de saigner après l'accident. Elle traverse les Andes et la pampa, en changeant les pneus une multitude de fois. « Quand on veut gagner, il faut vaincre la peur, » dit Ewy Rosqvist, « du moins au volant. » Elle fera ensuite des cauchemars pendant des mois. D’une petite ville de Suède à Stockholm Ewy baronne de Korff-Rosqvist, nom qu’elle porte depuis son ma- riage en secondes noces avec le baron Alexander von Korff en 1965, a remporté avec sa copilote Ursula Wirth, les six étapes du rallye sur route de 4642 kilomètres en Argentine et a franchi la ligne d’arrivée à Buenos Aires trois heures avant ses concurrents mascu- lins. « Un miracle » dit en souriant Ewy Rosqvist en haussant légère- ment les épaules. « Mais un miracle indispensable. Certains partici- pants masculins s’étaient moqués de moi. Il fallait donc que je démontre que j’étais meilleure. » De retour en Suède, sa victoire fait la une des journaux pendant quelques jours reléguant au second plan la crise de Cuba. Seule fille parmi cinq enfants, Rosqvist a vite appris à s’imposer. La jeune Ewy voulait devenir vétérinaire. Mais l’université de Stockholm était très éloignée de sa ville natale Ysatd. Elle passe donc d’abord par le collège d’agriculture avant d’étudier la méde- cine vétérinaire pendant deux ans dans la capitale suédoise. « Mais

2 LES DÉTAILS COMPTENT « On passait des journées entières à rouler dans la poussière et la boue, les vestes blanches grises de poussière et les cheveux collants sous le casque. Mais avant de descendre de voiture, j’ai toujours pris le temps de remettre du rouge à lèvres. Il suffit de quelques secondes, pas plus. »

1 BIEN CHOISIR SON PARTENAIRE « Rien n’est pire qu’un copilote qui croit tout savoir mieux que vous. Le parfait copilote doit accepter la hiérarchie en voiture. Ce qui explique pourquoi les hommes sont souvent de si mauvais copilotes. »

j’avais vraiment envie de revenir à la maison. Je souhaitais travailler de manière moins théorique et plus pratique », explique-t-elle. De retour dans sa petite ville du sud de la Suède, elle devient vétéri- naire assistante, ce qui l’amène à parcourir chaque jour entre 150 et 200 km sur des routes caillouteuses allant de ferme en ferme. Son père, s'inquiétant pour sa sécurité, lui offre une Mercedes-Benz 170 S, et c’est le début d’une grande histoire d’amour. « Quelle ma- niabilité !» s’exclame-t-elle. « Je filais le long des champs. Je condui- sais de mieux en mieux, de façon plus sûre aussi. » C’est ainsi que, sans s’en rendre compte, elle fera les premiers pas de sa carrière de pilote de course.

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